L’art de Hristo Mavrev reflète sa vie – superposée, vibrante et pleine de transformations.
Dans sa nouvelle exposition, Beyond the Light, qui a ouvert ses portes mardi à la galerie Sheetrit & Wolf à Tel Aviv, Mavrev invite les spectateurs à être témoins de l’art né de sa métamorphose personnelle.
La galerie Sheetrit & Wolf, fondée il y a deux ans par Ruth Sheetrit et Jonathan Wolf Abramovich, opère au cœur du quartier pittoresque de Neve Tzedek.
La galerie représente exclusivement des artistes de renommée mondiale en Israël. Récemment, elle a élargi son activité et comprend désormais d’impressionnants espaces d’exposition où des expositions tournantes côtoient des œuvres de la collection de la galerie.
Né dans la Bulgarie communiste, Mavrev a grandi dans un monde de conformisme, se sentant étranger à sa communauté et en lui-même. Sa première exposition israélienne, Beyond the Light, offre une fenêtre sur son parcours de la répression à l’expression de soi.
Vivant désormais en Israël avec son mari, un haut responsable de la communauté diplomatique internationale en poste ici, le parcours de Mavrev a été tout sauf linéaire.
Ses peintures, réalisées à travers le monde, retracent cette évolution. Les premières œuvres confrontent les thèmes de la protection et de l’isolement, tandis que ses dernières pièces célèbrent la lumière et la couleur dans des couches translucides, invitant les spectateurs à voir la liberté rendue visible.
Formation artistique en Bulgarie
Ayant reçu sa formation artistique à l’académie des arts en Bulgarie, Mavrev a eu envie de s’exprimer. «J’avais l’impression que quelqu’un volait mon imagination», se souvient-il, soulignant à quel point cette atmosphère oppressante a préparé le terrain pour sa quête de liberté.
« Je suis devenu excellent en utilisant les différentes techniques artistiques, mais j’avais l’impression de perdre mes idées. Tout était gris. Tout était verrouillé. Déterminé à retrouver son esprit artistique, Mavrev entreprend un voyage qui le mènera à travers la Grande-Bretagne, la Grèce et au-delà.
« En Angleterre, je pouvais me considérer comme une bonne personne, même si je suis différent », réfléchit-il en se souvenant de sa transformation.
Ses premières œuvres, comme la série Chrysalides, présentent des vêtements lourds et protecteurs, symbolisant le cocon qui protège une chenille lors de sa métamorphose. «C’est comme un cocon blindé qui protège la chenille», dit-il.
« Mais qu’y a-t-il au-delà de cette armure ? C’est ce que je voulais découvrir. La série reflète son besoin de se débarrasser des anciennes contraintes et d’embrasser son vrai moi.
C’est en Suisse que le travail de Mavrev commence à se transformer. «C’était la première fois que je peignais des fleurs qui rayonnaient de lumière», dit-il, symbolisant l’espoir et la liberté qu’il recherchait. « J’ai réalisé que la lumière pouvait être plus qu’un simple éclairage ; cela pourrait être une métaphore de l’espoir (et) de la liberté.
En Israël, cette exploration s’est approfondie. Les œuvres de sa dernière série, aux textures translucides et superposées, semblent flotter comme des papillons. « C’est comme si je me libérais », dit-il, capturant l’essence de sa phase actuelle. « Maintenant, mon art n’est pas seulement une expression ; c’est une célébration de la libération.
Après avoir redécouvert lui-même et sa voix artistique à Londres, Mavrev a trouvé l’inspiration en se rendant dans sa ville natale avec son frère pour le Nouvel An, ce qui a suscité une profonde inspiration artistique.
Rejoignant la célébration traditionnelle où les gens portaient des peaux de chèvre spécialement fabriquées, il fut soudainement attiré par l’idée de « peau ». «Ça vient de Bulgarie», explique-t-il, les yeux brillants.
Ce « moment peau » a déclenché une fascination pour les textures, les couches et l’idée de la peau comme vaisseau de transformation. Cela l’amène à développer sa technique unique en créant des « peaux acryliques » qui font écho aux peaux de chèvre.
La technique de Mavrev est aussi distinctive que ses thèmes. Il crée ses « peaux acryliques » en superposant des gels et des peintures, produisant des feuilles texturées et transparentes qui jouent avec la lumière. « J’aime les surfaces abîmées… Je veux voir à travers ce qui se cache derrière la peau », dit-il.
« Il ne s’agit pas seulement de ce qui se trouve à la surface ; il s’agit de se retirer, de révéler ce qui se cache en dessous. Grâce à ce processus, Mavrev enlève les couches, révélant les histoires cachées en dessous – reflétant son voyage pour découvrir son vrai moi.
La vie en Israël à l’heure actuelle est complexe, mais l’optimisme de Mavrev transparaît. « Le peuple d’Israël est extraordinaire », dit-il. « Ils ont cette chaleur, cette capacité à surmonter les défis qui m’inspirent. » Il reconnaît pourtant les difficultés. « J’entends parler de tant de morts chaque jour… C’est impossible », ses yeux se remplissent de larmes.
Malgré cela, il trouve du réconfort dans la création d’un art vibrant. « Je suis étonné de créer ici des œuvres aussi colorées… C’est ma protection », sourit-il.
La couleur, si centrale dans son art, contraste avec ses souvenirs d’enfance de la Bulgarie industrielle, où « tout était marron et gris ». « Peut-être qu’en tant qu’enfant, la couleur me manquait. Et maintenant, c’est comme si je le ramenais », dit-il. « Mes peintures sont une façon de récupérer cette luminosité perdue. »
L’art de Mavrev ne consiste pas seulement à se libérer des contraintes extérieures, mais également à parvenir à une libération intérieure. « Vous ne posez pas de questions ; on ne se remet pas en question », se souvient-il de son éducation, une culture du secret et de l’obéissance. Pourtant, grâce à son art, Mavrev a appris à poser ces questions et à y répondre. « Absolument… Je me sens vraiment libre », dit-il, incarnant le triomphe de son voyage.
Beyond the Light témoigne du pouvoir de l’art de guérir et d’éclairer. À travers chaque pièce vibrante et superposée, Mavrev invite les spectateurs à regarder au-delà de la surface et à découvrir les histoires, les luttes et les triomphes qui se cachent en dessous.
Beyond The Light à la galerie Sheetrit & Wolf, 35-37 rue Shabazi, Neve Tzedek, Tel Aviv. L’entrée est gratuite.