Les associations familiales françaises qualifient le nouveau programme d’éducation sexuelle de « lavage de cerveau idéologique » ━ Les Conservateurs européens

La polémique couve en France sur la réforme du programme national d’éducation sexuelle, qui serait introduite dans les écoles publiques et dans toutes les écoles sous contrat avec l’État. Le programme proposé promeut la théorie du genre et viole la vie privée des très jeunes, incitant les associations familiales et religieuses à se mobiliser contre cette théorie.

Même le vice-ministre de l’Éducation s’inquiète du fait que le programme ne soit pas adapté aux enfants, même si la gauche critique désormais « l’offensive conservatrice » contre le projet.

Le nouveau programme d’éducation sexuelle, actuellement en cours d’élaboration par le ministère de l’Éducation, est en préparation depuis plus d’un an et demi. Le projet a été créé à l’initiative de l’ancien ministre de l’Education Pap Ndiaye, connu pour son progressisme militant, qui en a fait l’une de ses priorités. Il devrait être soumis pour approbation au Conseil de l’enseignement supérieur à la mi-décembre. De nombreuses associations ont protesté contre son contenu, qu’elles jugent inapproprié.

L’éducation « à la vie affective et relationnelle » — selon les termes officiels — doit commencer dès l’âge de trois ans. Les partisans du texte expliquent que les premières années du programme devraient être axées sur la découverte du corps humain, de l’estime de soi et du consentement, et que la sexualité n’y a pas sa place. Mais les associations familiales sont inquiètes, car d’autres initiatives similaires ont allègrement franchi les limites de la décence par le passé.

Ludovine de la Rochère, présidente du Syndicat de la famille, issu du mouvement La Manif Pour Tous contre le mariage homosexuel, s’alarme de ce qui relève d’un « lavage de cerveau idéologique dès l’âge de 3 ans ».

Adultes parlant de sexualité à des enfants sans leur consentement. C’est un problème.

Même si elle salue certains aspects de bon sens du programme : le respect de la vie privée ; responsabilité et contrôle de ses impulsions; contrôle des sentiments; la dignité de la personne humaine ; droits et devoirs – elle met en avant l’omniprésence des concepts hérités du néo-féminisme et de la théorie du genre. La « lutte contre les stéréotypes de genre » serait incontournable dans les contenus enseignés, de la maternelle au lycée. Les enfants sont encouragés à « déconstruire » les stéréotypes de genre dès leur plus jeune âge, avec le message sous-jacent selon lequel « les femmes sont toutes des victimes et les hommes sont tous coupables ».

De la Rochère s’inquiète de l’idéologie qui sous-tend le programme, qui se manifeste à chaque instant, avec un problème central et majeur : l’absence délibérée de prise en compte des parents dans le processus d’éducation des sentiments des enfants. Dans son analyse détaillée du programme sur son site Internet, le Syndicat de la famille souligne :

Les parents n’ont rien à dire en matière (d’éducation sexuelle), ce qui n’est pas conforme à l’autorité parentale ni au Code de l’éducation. Ils sont mis sur le même pied que les administrateurs scolaires, ce qui est inacceptable dans ce domaine. Il est inacceptable de ne pas les encourager à faire eux-mêmes cette éducation à la maison, à les écouter et à dialoguer, et à les écouter s’ils ont des critiques ou des avertissements à formuler.

Bien d’autres questions sont sujettes à caution : l’encouragement d’un examen « scientifique » du corps des très jeunes enfants ; l’hypothèse selon laquelle tous les enfants ont une sexualité active à la fin du secondaire ; l’incapacité à prendre suffisamment en compte les ravages de la pornographie dès le plus jeune âge, et bien plus encore.

Le Syndicat de la famille n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. Dans un communiqué officiel, l’enseignement catholique a également exprimé de « sérieuses réserves ». Les établissements d’enseignement privés sous contrat avec l’État, qui sont en France majoritairement des écoles catholiques, seront soumis à ce programme. Le secrétaire général de l’Éducation catholique affirme qu’elle « prend le parti de remplacer la responsabilité éducative des parents ». Il dénonce son « approche adulte », une conception inadaptée à la mentalité des enfants.

Même Alexandre Portier, ministre chargé de la réussite scolaire, a exprimé ses réserves auprès des sénateurs qui l’interrogeaient sur la réforme en cours :

Ce programme tel qu’il est n’est pas acceptable.

Se déclarant préoccupé par l’omniprésence de la théorie du genre, il a déclaré qu’il prendrait un « engagement personnel » pour garantir qu’elle « n’ait pas sa place dans les écoles ». Portier s’inquiète également du risque élevé d’activisme inhérent au recours à des intervenants extérieurs dans les écoles, faisant écho aux scandales dénoncés par les associations de parents, qui se sont insurgées contre les militants LGBT agréés par le ministère se présentant devant leurs enfants.

En réponse, Planned Parenthood s’en est pris au ministre, l’accusant d’être « le porte-parole des mouvements conservateurs et réactionnaires ». Certains syndicats d’enseignants trouvent « problématique » de donner « une caisse de résonance à certains petits groupes très dangereux » et exhortent la ministre de l’Éducation, Annie Genetet, à rester ferme et à maintenir le programme tel qu’il est.

Selon France info, l’expression « identité de genre », qui apparaît 17 fois dans la dernière version du document, pourrait être supprimée par le ministère. La bataille est loin d’être terminée.