Je n’ai aucune plainte contre le sixième gouvernement Netanyahu concernant l’accord de cessez-le-feu signé au Liban. C’est le meilleur qu’Israël puisse réaliser jusqu’au 20 janvier, date à laquelle Donald Trump réintégrera la Maison Blanche.
Il aurait été possible de négocier encore deux mois, mais il est douteux qu’il aurait été possible d’en obtenir davantage. Pourquoi? Amos Hochstein a menacé d’arrêter la médiation parce que son patron, le président Joe Biden, n’est pas vraiment impliqué dans ce qui se passe et surtout parce que la partie libanaise (l’État du Liban) ne peut pas donner plus que ce qu’elle a accepté.
Netanyahu a tenté d’expliquer la réalisation du cessez-le-feu ; Pourtant, s’il n’était pas Premier ministre mais président de l’opposition, il serait le premier à s’opposer à l’accord qu’il a approuvé. Pourquoi? Parce qu’il n’y a aucune zone tampon en vue et que des membres du Hezbollah tentaient déjà d’atteindre la barrière quelques heures après l’entrée en vigueur de l’accord.
Et ce n’est pas tout : cet accord ne contient aucune promesse de paix à long terme. Il est vrai qu’Israël se réserve le droit naturel de se défendre, mais comme l’a déclaré Netanyahu, si le Hezbollah n’attaque pas, nous n’attaquerons pas. Même si la retenue d’Israël est compréhensible, l’absence de mesures proactives soulève la question de savoir s’il s’agit d’une stratégie durable pour sécuriser la frontière nord.
C’est comme ça avec des amis que l’on veut garder heureux : Trump voulait voir la fin de la guerre au Moyen-Orient, et le gouvernement israélien, dirigé par Netanyahu, s’y est conformé. Il vaut mieux être avec Trump que contre lui, car l’histoire a prouvé que ceux qui n’ont pas exécuté ses ordres ou même exprimé une position qui ne lui était pas acceptable ont perdu du crédit et sont devenus des opposants.
Même si les pressions extérieures peuvent façonner la politique, cette décision souligne encore davantage le manque de planification interne, en particulier concernant Gaza.
Au sud du Liban, les habitants retournent déjà dans leurs villages. À Gaza, cependant, la plupart des habitants n’ont nulle part où retourner. Tout a été détruit. Il est désormais temps d’établir des faits politiques sur le terrain et de créer une nouvelle réalité.
Nous avons besoin d’un plan clair
Le leadership nécessite un plan clair pour Gaza : qui réhabilitera la zone ? Qui gérera les institutions civiles ? Qui assurera la sécurité des résidents des communautés frontalières de Gaza ? Sans réponses à ces questions, Israël risque de répéter ses échecs passés.
Il est nécessaire de définir clairement les intérêts diplomatiques et politiques du Sud et de les réaliser le plus rapidement possible. Les réalisations militaires à Gaza ne sont pas en deçà de celles réalisées par Tsahal au Liban et pourraient même les dépasser. Le Hamas a été écrasé militairement et administrativement. Il y a des cas de chat et de souris dans diverses zones de Gaza, mais le plus gros du travail a déjà été fait.
Si Tsahal a permis à Netanyahu (ou était-ce simplement l’esprit de Trump ?) d’instaurer un cessez-le-feu au Nord, pourquoi pas au Sud ? Netanyahu lui-même a reconnu dans un discours enregistré qu’Israël devait rafraîchir et renouveler ses armements. N’est-ce pas également vrai pour les combattants du Sud ?
Netanyahu a clairement indiqué qu’il ne voulait pas que le Hamas contrôle Gaza et qu’il ne soutenait pas non plus le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, alias Abu Mazen. Mais il n’offre aucune vision claire de la suite.
Les visites de partisans de la réinstallation des Juifs à Gaza sous les auspices de la création d’installations militaires israéliennes avant que l’échelon politique n’ait pris une décision sont un phénomène malsain dans une société saine. Le leadership ne peut pas fonctionner sans plan, et c’est précisément ce qui manque.
Et enfin, ramener les otages chez eux. Cet acte démontrerait à l’ensemble du public israélien que le terme « garantie mutuelle » existe dans la société israélienne. Pour le moment, une telle garantie mutuelle fait défaut, et sous la direction de Netanyahu, la philosophie sioniste est en train de changer. Une société sans philosophie aura du mal à sacrifier ses fils et ses filles pour un leader sans vision et sans objectifs clairs pour l’avenir. Certainement pas dans une société polarisée, où une communauté entière ne supporte pas le fardeau des sacrifices au combat.
Israël doit donner la priorité à la clarté, à la vision et au leadership. Sans cela, la stratégie actuelle échouera, laissant une nation divisée et vulnérable face aux défis futurs.
L’écrivain est directeur du Département d’études sur le Moyen-Orient et du Centre de recherche sur le Moyen-Orient et l’Asie centrale de l’Université d’Ariel. Expert en matière de nationalité, d’ethnicité, de protestation et de violence politique, ainsi que de relations majorité-minorité, il se spécialise dans les questions palestiniennes et israélo-arabes. Il a publié trois livres sur la minorité arabe israélo-arabe et la politique palestinienne.